Animer Dehors. Guide à l’usage des formateurs BAFA-BAFD pour inciter à sortir dans la nature. Collectif de formateurs impliqués dans la « Dynamique Sortir » du Réseau Ecole et Nature (2016).

Rappelons, avant toute chose, la différence qui existe entre les animations nature et l’école du Dehors. L’objectif des premières est surtout lié à la découverte de l’environnement et à la pratique ludique/récréative/sportive (se fait sur les temps de vacances). L’objectif des écoles en nature est de transformer les temps scolaires en moments d’apprentissage disciplinaire (les matières dites “scolaires”) en plus des compétences transversales.

Ceci dit, le livre “Animer dehors” est un parfait exemple des apports essentiels de l’éducation à l’environnement au développement de la pédagogie par la nature. J’ai ainsi le plaisir de transférer aux enseignants du Dehors ce Guide destiné aux formateurs BAFA car il constitue un puissant document de formation à la pédagogie par la nature.

La motivation du collectif auteur de ce Guide vient du constat suivant : « Le manque d’expérience et d’outils amène à rester confinés entre 4 murs » (et ce bien avant dû à la pandémie COVID 19). En effet, même en dehors de la crise actuelle, les exigences sécuritaires sont en augmentation constante. On constate un manque de confiance en eux des moniteurs nature ou des enseignants qui ne se sentent pas opérationnels (peur du cadre règlementaire, sentiment de non légitimité par rapport à leur connaissance de l’environnement, etc.).

Face à cette situation, les auteurs abordent l’animation en milieu naturel à travers 4 parties :

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  1. Pourquoi former à animer dehors?
  2. Les principes de base de la pédagogie du Dehors
  3. Les pistes pour intégrer cette pédagogie
  4. Les fiches pédagogiques pour la formation de formateurs

Je résume et commente pour vous les 3 premières parties et vous laisserai le plaisir de découvrir par vous-même les fiches pédagogiques.

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1. Pourquoi former à animer dehors ?

Parce que la nature est un lieu d’éducation, et non pas seulement un endroit pour prendre l’air :

« Aller dehors, à la ville comme à la campagne, ne serait-ce pas comme aller au théâtre permanent des sources de la vie ? »

Compétences développées au dehors

En sortie nature, on développe mille compétences en termes de :

– « Savoir-être : être curieux, ouvert, autonome, s’émerveiller, dépasser ses peurs, vivre ensemble, savoir être seul, être solidaire, apprécier les risques, anticiper, s’engager, s’adapter, mettre en action son corps, mobiliser ses sens…

– Savoir-faire : observer, expérimenter, identifier, créer, inventer, se débrouiller, bricoler…

– Savoirs : découvrir les animaux, les végétaux, les paysages, les contes et légendes des lieux, comprendre la relation de l’homme à son milieu de vie…

– Savoirs méthodologiques : être acteur de son apprentissage, coopérer, s’organiser, se répartir les tâches…

– Savoir-devenir : réfléchir, appréhender la complexité, se projeter… » (page 11)

Les auteurs donnent ainsi l’exemple de la construction d’un nichoir pour oiseaux et des compétences que cette activité met en action :

Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu:  Ecole dans la forêt : le débat sur Public Sénat

« Apprentissages liés à la construction d’un nichoir

– Savoir-être : être concentré, appliqué, organisé

– Savoir-faire : utiliser des outils, se débrouiller, observer

– Savoir : découvrir les oiseaux

– Savoirs méthodologiques : faire le plan du nichoir, lister les achats, le budget

– Savoir-devenir : tenir compte de ses erreurs, améliorer le plan pour le prochain nichoir » (p.11)

Les enjeux des sorties en nature

Les enjeux de sortir en nature sont nombreux. En voici un petit aperçu :

– Enjeux sociaux (on amène les enfants à côtoyer des lieux et des personnes qu’ils ne rencontrent pas habituellement, on leur fait prendre conscience de leur place dans le monde, ça reconfigure les relations entre enfants). Il y a création et renforcement de solidarité au sein du groupe :

« En pleine nature, l’effort lié à l’activité, les contraintes liées au milieu nous obligent à nous organiser en temps réel et collectivement. Ainsi, les comportements individuels se révèlent et nous amènent à évoluer pour mieux vivre ensemble » (p.13).

– Enjeux de santé (voir l’article “Forêt et Santé : les études montrent” où je résume l’intérêt des sorties en nature pour la santé humaine.

– Enjeux environnementaux. On ne peut aimer que ce que l’on connaît. L’éducation au développement durable ne peut se passer d’une connaissance concrète de l’environnement : « sortir régulièrement dans la nature de manière simple et positive permet à chacun.e de créer un lien affectif et émotionnel avec les éléments qui l’entourent » (page16). On constate en effet, chez les enfants élevés en nature, une augmentation de la sensibilisation à la préservation de l’environnement.

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2. Principes pour Animer Dehors

L’enseignement en extérieur ne s’improvise pas. Plusieurs contraintes sont à respecter mais tout relève plutôt du bon sens… De ce que vous feriez (ou ne feriez pas!) avec vos enfants, ceux de votre famille proche ou de vos amis!

Face aux contraintes du contexte réglementaire

On nous conseille de :

  • Relativiser, de ne pas avoir une peur bleue des règles
  • Nous informer directement sur les textes de loi (attention aux rumeurs !)
  • Suivre surtout les règles du bon sens, dont :

 Connaître son groupe d’enfants et avoir un taux d’encadrement en fonction,

Connaître ou avoir repéré les lieux en termes de danger,

Avoir un équipement adapté à la météo et activité,

Avoir un moyen de communication,

Avoir une trousse de secours,

Connaître avec certitude les plantes et fruits qu’on fait goûter » (p.21)

Il n’y a pas besoin d’être un spécialiste en biologie ou en environnement (faune et flore) ! Il s’agit donc de dépasser le « complexe » lié au manque de crédibilité ou de connaissances dans le domaine. Les ¾ des activités qu’on fait en nature sont faisables par tout le monde. Voici quelques idées :

– Marcher, courir, crapahuter

– Construire un radeau ou une cabane

– Cueillir des mûres

– Cuisiner sur le feu,

– Ecouter un conte à la sieste allongé dans l’herbe

– Dormir sous les étoiles

– Observer un rapace aux jumelles

– Ecouter les bruits de la nuit

Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu:  Ecoles-Forêt : Allumez le feu (ou pas!)

– Dessiner sur le sable

– Observer les petites bêtes du ruisseau

Des pédagogies forcément actives

L’intérêt de ces pédagogies est qu’elles optimisent « les capacités créatrices de chacun(e) car elles mobilisent tous les sens, le corps et l’intellect » (p.27). On articulera donc :

– La pédagogie de projet : réalisation d’un projet concret, individuel ou collectif,

– L’eco-formation : apprentissage par le contact direct et sur le terrain avec les éléments qui y sont présents,

– La pédagogie « chantier » :  mise en place d’une action collective sur un milieu donné. L’accent est mis sur le « faire ensemble » et sur l’impact qu’a cette action sur le milieu : « on agit à plusieurs dans un environnement naturel, souvent dans le cadre d’un projet communal ou associatif, donc socialisant » (p.29). On réalise ainsi des chantiers tels que réhabilitation d’espaces ou de monuments, débroussaillage, entretien des rivières, création de jardins, etc ;

3. Pistes pour intégrer l’animation dehors

La formation BAFA a ceci d’intéressant pour les profs en nature qu’elle a didactisé tous les paramètres indispensables à l’animation en nature. On a vu ci-dessus qu’elle cadrait les avantages des sorties nature et renforçait, chez les stagiaires-futurs animateurs, les dimensions pédagogiques des activités qu’ils exerceront. Dans un troisième temps, on approfondit donc les dimensions logistiques des stages BAFA, ce qui nous éclaire par la même occasion sur ces dimensions.

On propose, entre autres, aux futurs animateurs d’explorer un camp de stage composé de toutes les éléments dont ils pourront faire usage dans leurs activités avec les enfants.

Aménagement des espaces pour animer dehors

o Coin « Grande récréation », lieu ouvert et large, composé de « pentes, de creux, d’arbres et de matériel « pousse-glisse-roule-balance » (pneus, cordes, brouettes, planches, rondins, balançoires, en libre accès, libre bricolage, libre aménagement » (p.40)

o Cabane

o Coin calme

o Coin sommeil

o Arbre à grimper

o Coin feu

o Coin cuisine

o Coin magique

o Coin panorama (en hauteur)

o Coin observation (matériel tel que des loupes, jumelles, guide de terrain) situé dans « un endroit à proximité d’une biodiversité intéressante : arbre mort tombé, mousse, petit rocher, souche » (p.43)

o Coin jardin

o Coin bricolage

o Les 3 cercles : ce sont des zones dédiées respectivement à :

« Une activité libre sans autorisation des animateurs

Une activité libre avec autorisation des animateurs

Une activité accompagnée par les animateurs » (p.43).

Les grandes activités quotidiennes (dormir, manger, hygiène, repos) sont abordées à la fois dans leurs dimensions logistiques et pédagogiques.

La 4ème et dernière partie d’Animer Dehors

Elle est extrêmement précieuse mais je ne peux la dévoiler ici sans la reproduire. Je ne le ferai pas et vous invite à vous procurer l’ouvrage. Cette partie est composée de 13 fiches pédagogiques permettant de faire appréhender aux futurs animateurs toutes les dimensions de leur métier (aspect juridique, pratique, didactique, etc.).

En Bref

Je recommande vivement ce Guide très pédagogique et actionnel. Même s’il ne s’adresse pas aux enseignants en nature mais aux formateurs de futurs animateurs nature, il contient toutes les dimensions qui nous intéressent en termes de gestion d’un groupe d’enfants en nature. Le pari des auteurs est gagné : à la lecture du Guide, on se sent motivé et prêt à se lancer dans l’aventure du Dehors!

Pour aller plus loin :

Réseau Ecole et Nature (REN)

Groupe “Dynamique Sortir” du REN

Collectif « Dynamique Sortir » du REN. Sortir dans la nature avec un groupe (2012)

Espinassous, Louis. Pistes. Pour découvrir la nature avec les enfants (2013)

Vous avez de l’expérience dans le domaine de l’animation nature ? Racontez-nous en commentaire!

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12 Responses

  1. J’ajouterai aussi : connaître la flore alentour, et les plantes protégées.
    Il y a eu une activité  » bouquets de fleurs » et il s’est avéré que l’une des fleurs était une espèce rare d’orchidée, protégée… ce serait dommage aussi de récolter une amende.
    De toutes façons, les fleurs sauvages se fanent rapidement.

    • Oui, tout à fait! Je ne sais pas si vous connaissez Nathalie Deshayes, du site plantessauvagescomestibles, mais c’est elle qui nous accompagne à l’école-forêt ici! Il faut en effet prendre des précautions et toujours respecter la nature qui nous entoure (et dont nous faisons partie!)

  2. Bravo, j’ai envie que mon fils puisse aller à ces découvertes de la nature. C’est une grande chose que d’être dans un élément aussi protecteur qu une forêt. Merci pour cet article. Elisa

    • Elisa, je vous comprends tellement ! J’ai monté une école-forêt pour les parents des alentours, et c’est un bonheur de faire découvrir les merveilles de la forêt aux enfants (et aussi parfois aux parents!!)

  3. « La nature est un lieu d’éducation, et non pas seulement un lieu pour prendre l’air » : merci beaucoup pour ce très bel article, qui donne envie d’éduquer nos enfants différemment !

    • Oui, il est bon de rappeler ce fait car on considère trop souvent le « dehors » comme un endroit de seul loisir, alors qu’il est un lieu d’apprentissage de la vie – et des matières scolaires aussi, d’ailleurs – particulièrement efficace!

  4. Très intéressant comme approche, j’aime bien le « vérifiez vous même les textes de loi, il y a de vieilles rumeurs limitantes qui trainent… »
    Ancien animateur de colo, je me souviens de l’importance pour les enfants d’explorer la foret sous plusieurs aspects – connaissance du milieu, exploitation du milieu (cabanes…), monde imaginaire et légendes…
    Lorsque vous encadrez une « remontée de torrent » les enfants s’imaginent vivre les aventures d’Indiana Jones en vrai ! Et parce que vous êtes formés, vous dépassez les limites de « il faut rester au milieu du chemin, les mains dans les poches pour ne rien toucher, en rang par 2 ».
    J’ai un blog sur l’animation scientifique et c’est aussi un milieu « hostile » à apprivoiser. Je te propose d’échanger autour de la formation à l’animation.

    • Bonjour Christophe, oui, apprendre dans et par la nature, c’est une expérience superbe! Tu as dû avoir des expériences géniales avec les enfants! La motivation qui vient de la découverte du dehors est tellement porteuse d’apprentissage. Quant à l’animation scientifique, j’imagine que c’est aussi un domaine difficile à faire rentrer dans les mœurs! je serai ravie d’en savoir davantage!

  5. Un guide qui va dans le sens de l’enseignement de demain, avec des méthodes participatives en connexion avec la nature. Une chose est certaine ce type de pédagogie va gagner à être enseignée !! Merci à vous pour cette présentation

    • Oui! Le seul problème est qu’il y a encore actuellement une scission très prononcée entre l’animation nature ou l’éducation à l’environnement et l’école en tant que telle! J’aimerais tant encourager les enseignants à sortir découvrir les richesses biologiques mais aussi pédagogiques que renferme la nature!

  6. Merci pour ce partage. Les bienfaits du temps passé dans la nature sont effectivement nombreux et souvent sous-estimés. Cela dit, il ne faut pas forcément aller très loin pour observer la faune et la flore : un espace vert au coin de la rue ou un balcon en ville peuvent déjà accueillir pas mal de choses. Guide à diffuser au plus grand nombre !

    • En effet, la nature est là, juste là, à notre porte (et nous la voyons souvent pas!). En ville, les arbres, les jardins, les parcs, et même un petit bout de trottoir ou de balcon peuvent contenir tout un brin de vie animale et végétale!

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