Le rôle de la nature dans les 1000 premiers jours de l’enfant-Cet article a été écrit par Laure et Gaël, fondateurs du blog Petit Mais Costaud, deux parents au parcours un peu particulier qui ont eu envie de partager avec humilité, humour et pragmatisme leur expérience de la parentalité !

On assiste depuis quelques années à un questionnement – bien légitime- sur l’adéquation, et souvent l’inadéquation des équipements scolaires avec le fonctionnement “naturel” de l’enfant, et les connaissances récentes sur le développement de l’enfant, nourries notamment par les avancées des neurosciences.

Les 1000 premiers jours et la nature

A ce titre, la commission sur les 1000 premiers jours nous apporte un éclairage essentiel, que nous nous proposons de vous partager dans cet article. Initiée en 2019 et présidée par les très reconnus neuro-psychiatre Boris Cyrulnik et psychothérapeute Isabelle Filliozat, cette commission a réuni 18 experts de différentes spécialités : neuropsychiatres, spécialistes de l’éducation ou de l’éveil des enfants, acteurs de terrain de l’accompagnement social des parents, cliniciens spécialistes de la grossesse et du jeune enfant, sage-femmes, etc.

Son objectif : synthétiser les connaissances les plus récentes concernant le développement de l’enfant et les meilleures pratiques afin de refonder l’action publique sur des bases à la fois scientifiques et pragmatiques ! Tout un programme !

Les travaux de cette commission sont synthétisés dans un rapport très riche. Nous nous concentrerons ici sur les analyses et recommandations qui concernent les activités extérieures et le rapport à la nature.

Les 1000 premiers jours, qu’est-ce que c’est ?

La commission définit les 1000 premiers jours comme “une période sensible pour le développement et la sécurisation de l’enfant, qui contient les prémisses de la santé et du bien-être de l’individu tout au long de la vie”.

Cette période court du 4e mois de grossesse – voire avant pour certains – jusqu’aux deux à trois ans de l’enfant.

Mais alors, pourquoi ces 1000 premiers jours sont-ils importants ?

Disons d’emblée qu’il n’est pas question ici de faire du déterministe. Tout ne se joue pas pendant la toute petite enfance, et encore moins avant la naissance. En revanche, on sait aujourd’hui que cette période a une influence réelle et majeure sur le développement de l’enfant, et sur l’adulte qu’il deviendra. Il est donc crucial de mieux comprendre comment se développe un enfant afin d’accompagner l’évolution des pratiques éducatives mais également des infrastructures et de la politique de santé publique !

Quel rôle pour la nature durant les 1000 premiers jours?

Le rapport sur les 1000 premiers jours explique que de nombreuses études ont démontré depuis plusieurs dizaines d’années que la nature avait un rôle positif sur le développement de l’enfant.

Prenons le cas des pays nordiques, où les enfants sont largement élevés à l’extérieur : l’intérêt des paysages naturels sur la santé des enfants y a été clairement démontré.

Être au contact avec la nature et y jouer revêt de nombreux avantages : vocabulaire, imaginaire, curiosité, et dextérité sont développés ; joie, motivation et attention sont favorisées et catalysées, avec des conséquences directes sur l’apprentissage.

Les compétences sociales sont également renforcées : l’environnement extérieur et naturel facilite en effet les jeux en groupe – par rapport à un environnement intérieur. En découlent des bénéfices sur “le développement émotionnel, le suivi des règles collectives, l’intégration du point de vue des autres, et donc le contrôle exécutif”.

Jouer dans et avec la nature, “courir, sauter, grimper, danser” permet de “prendre conscience de son corps et de l’espace, d’entraîner la coordination et l’équilibre”.

Les activités en extérieur contribuent également logiquement à la réalisation d’activités physiques bénéfiques pour la santé, mais également pour l’apprentissage. Le rapport explique en effet qu’il a été démontré que l’activité physique permet notamment “une meilleure autorégulation et attention après une activité physique engagée”.

La commission précise : “Ces effets sont particulièrement marqués pour les plus démunis.” Pourquoi? Notamment parce que “les expériences en pleine nature réduisent les inégalités dans la réalisation des activités physiques entre les filles et les garçons”.

Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu:  Enseigner dehors en ville

“Débétonner” les villes, un enjeu clé pour nos enfants

Le rapport le dit clairement : « Profiter d’espaces moins contraints et moins artificialisés diminue le stress et les comportements agressifs des adultes et des enfants.”

L’enjeu est posé, certes complexe, parfois coûteux, mais oh combien essentiel pour nos enfants, et finalement pour toutes et tous !

Sujet d’actualité, au moment où de plus en plus de villes conduisent – et c’est heureux – des expérimentations dans ce sens, la commission sur les 1000 premiers jours mentionne par exemple les expériences menées par le Hollandais Gerben Helleman, où jeux et citoyenneté sont associés dans la conception des espaces publics.

toboggan

“En explorant l’espace public, l’enfant peut observer et identifier de multiples objets, formes et couleurs, appréhender des expériences diverses comme la vitesse ou l’équilibre sur un vélo, une balançoire ou un toboggan”.

Parmi les bonnes pratiques relevées figure également l’installation de labyrinthes et autres jeux cognitifs pour “stimuler physiquement et intellectuellement les enfants”.

Voir les reportages sur l’éducation par la nature

Le rapport promeut l’idée d’une “ville ludique”. Au-delà de la simple conception d’aires de jeu, il propose la conception de l’ensemble des espaces publics comme de potentiels espaces ludiques, permettant “d’accueillir la curiosité de l’enfant”, et de les transformer en possibles espaces de jeu, pour le plaisir de petits et grands. Il est à ce titre intéressant de noter que des adaptations minimes sont parfois possibles, pour de grands bénéfices (végétalisation de certains espaces, marquages au sol et sur les abribus, jeux découvertes dans les parcs…)

Intégrer la nature dans le parcours des enfants, des parents et des professionnels

Enfin, la commission recommande l’intégration de modules dédiés à “la place de l’éveil culturel et artistique et de la nature en lien avec le développement de l’enfant” dans la formation des professionnels de la petite enfance. Dans le même ordre d’idées, l’intérêt des balades parents-enfants en natures sont mis en avant pour “promouvoir l’accès à la nature et sa protection.

Vous avez un projet éducatif en nature? Préparons-le ensemble!

En bref,

Les bénéfices de la nature – et de l’adaptation des milieux urbains bétonnés – pour le bien-être et le développement de l’enfant sont aujourd’hui connus et reconnus. Des recommandations précises ont été formulées. Espérons qu’elles seront entendues, et constitueront la base d’une politique publique au service du développement de l’enfant, respectueuse de la nature tout en l’intégrant pleinement dans ses dispositifs éducatifs et de santé publique !

Pour en savoir plus

– Pour en savoir plus sur les 1000 premiers jours, vous pouvez consulter nos articles dédiés à la prématurité et au congé parental.

– Pour consulter le rapport sur les 1000 premiers jours, cliquez ici

Ulset & al. (2017) Time spent outdoors during preschool: Links with children’s cognitive and behavioral development

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2 Responses

  1. Merci Laura pour cette communication très intéressante.
    C’est très motivant pour toutes les personnes qui veulent améliorer le rapport enfant / nature avec tous les bienfaits que cela comporte.

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