Pédagogie alternative et classe de plein air

Pédagogie alternative et école dehors ont une histoire. Et même une histoire européenne, voire française ! Pour savoir où l’on va, il est toujours bon de savoir d’où l’on vient. Cela nous aide à mieux comprendre les tenants et les aboutissants de nos démarches d’éducation par la nature et d’école dehors. Cet article fait suite à l’intervention de Sylvain Wagnon, historien en science de l’éducation, spécialiste de l’éducation nouvelle, directeur du Cedrhe (centre d’étude, de documentation et de recherche en histoire de l’éducation) et professeur à l’université de Montpellier, que j’ai eu un très grand plaisir à inviter, lors de l’Université populaire de l’association Sologna Nature & Culture, pour nous parler de l’histoire de l’école dehors.

Pédagogie alternative, éducation nouvelle ?

classe en plein air

L’éducation nouvelle est un vaste mouvement de pédagogie alternative datant de la fin du XIXème siècle. Nous connaissons certains pédagogues, que ce soit Montessori, Decroly, Freinet qui ont pensé dès le départ l’éducation non seulement à l’intérieur mais aussi à l’extérieur. C’est pour ça qu’assez naturellement (sans jeu de mot),  travailler sur l’école dehors et cet engouement actuel, d’un point de vue historique est quelque chose qui est extrêmement intéressant. Car l’idée est de travailler sur les défis actuels des pédagogies alternatives. On peut voir qu’aujourd’hui, nous sommes dans un contexte particulier qui renouvelle un peu ces pédagogies dites d’éducation nouvelle.

L’une des caractéristiques de ces pédagogies d’éducation nouvelle c’est d’être dans l’expérimentation. Ces pédagogues ne sont pas des personnes qui ont  nécessairement théorisé les choses, mais ils ont surtout expérimenté ! C’est par l’observation des enfants, des jeunes mais aussi de leur société qu’ils ont pu aborder des questions globales sur l’éducation.

Il est clair que nous sommes aujourd’hui dans une période très particulière. Nous voyons l’école dehors comme quelque chose de très ludique, lié aux enfants dans la nature. Mais l’école dehors est aussi pensée en termes d’apprentissages. Certes nous pouvons aller dehors, mais qu’est-ce qu’on y fait ? Pourquoi y allons-nous ? Ce sont des questions importantes à se poser d’un point de vu pédagogique.

Aujourd’hui, on constate un engouement pour l’école dehors et une envie de pérenniser ces pédagogies de la part de nombreux parents et professionnels de l’éducation. La soif d’aller à l’extérieur et d’être en relation avec les autres sont des leviers importants en faveur de ce type d’éducation. L’extérieur est, certes, propice à de nombreux apprentissages mais il est important de se rappeler qu’être dehors, dans un but pédagogique, cela s’apprend ! Et de nombreux pédagogues ont expérimenté en ce sens.

Ecole Dehors, un projet de société

Posons-nous la question : finalement, pourquoi fait-on tout cela ? Il est important de se poser cette question afin de pérenniser l’engouement pour l’école dehors. 

Dans cette notion d‘éducation nouvelle et d’éducation dehors, nous repensons notre façon d’éduquer, d’enseigner les apprentissages, de comprendre les relations humaines. Cela redimensionne notre façon de penser notre société. Si on estime que c’est la génération adulte qui va expliquer comment les choses doivent se passer, la manière d’enseigner va être différente que si on part du principe que la jeunesse est l’avenir de notre pays.

Lorsque Jules Ferry crée l’école du peuple il y a un objectif de société. Selon lui, tout le monde doit avoir un niveau intellectuel qui permet de sortir de l’Église et de l’ignorance, mais en tout cas il y a un projet de société.

Aujourd’hui encore, Philippe Mérieux appuie beaucoup sur l’idée qu’un projet de société est lié à un projet éducatif. On ne pense pas simplement la notion d’éducation comme un élément parmi tant d’autres, c’est aussi une autre façon de voir la société.

L’évolution de la posture éducative 

Cette éducation nouvelle s’oppose très fortement à l’éducation classique qu’on appelle quelquefois l’école caserne. Mise en place au XVII-ème siècle par Jean-Baptiste de la Salle (1651-1719), ce type d’éducation est extrêmement lié au religieux. Il y a un enseignant sur une estrade face à ses élèves, il parle seul car on part du principe qu’il possède le savoir, il est dans une posture de pouvoir.

XVIIIème siècle, Rousseau (1712-1778) propose une façon d’éduquer plus en adéquation avec le développement de l’enfant. On trouve notamment dans l’Emile des notions d’expérimentations de l’enfant dans la nature, en adéquation avec son environnement. Ici l’enseignant n’est plus dans une posture de domination sur l’enfant mais de guide dans ses apprentissages.

Fin XVIIIème début XIXème, Pestalozzi (1746-1827), pédagogue Suisse, cherche à appliquer concrètement les principes d’éducation exposés par Rousseau dans l’Emile.

Jacotot (1770-1840), est moins connu mais son expérience est aussi très intéressante.  Dans sa carrière il fut chargé d’enseigner le français à des étudiants dont il ne comprenait pas la langue. Cette expérience conduit Jacotot à théoriser une méthode d’enseignement qui s’oppose à la méthode classique. Pour lui, l’enseignant ne transmet pas son savoir mais il guide et accompagne l’élève dans ses apprentissages.

Fin XIXème début XXème. C’est l’émergence du mouvement de l’éducation nouvelle, qui s’oppose à l’éducation traditionnelle. Adolphe Ferrière (1878-1960), pédagogue suisse et auteur de l’école active écrit :

« Sur les indications du diable, on créa l’école.

L’enfant aime la nature, on le parqua dans des salles closes.

L’enfant aime voir son activité servir à quelque chose on fit en sorte qu’elle n’eut aucun but.

L’enfant aime bouger on l’obligea à se tenir immobile

Il aime manier les objets on le mit en contact avec les idées

Il aime se servir de ses mains on ne mit en jeu que son cerveau

il aime parler on le contraignit au silence

il voudrait raisonner on le fit mémoriser

il voudrait chercher la science on la lui servit toute faite

il voudrait s’enthousiasmer on inventa les punitions

alors les enfants apprirent ce qu’ils n’auraient jamais appris sans cela

ils surent dissimuler, ils surent tricher, ils surent mentir ».

Ce texte résume assez bien l’opposition entre éducation classique et éducation nouvelle. Tous les sujets de dissensions y sont abordés : l’activité, l’importance de l’affectif et du corps dans les apprentissages chez l’enfant. L’idée que l’enfant doit expérimenter dans son environnement pour intégrer ces apprentissages. On voit bien que l’école dehors se retrouve totalement dans cette notion là. L’école active doit être reprise et assumée par l’école dehors, sachant qu’elle appartient à ce grand courant alternatif de l’école nouvelle.

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On voit bien l’évolution, au fil de l’histoire, des notions de postures éducatives et du rôle de l’adulte et de l’enseignant au sein des pédagogies nouvelles.

L’apport des médecins-éducateurs dans les pédagogies alternatives

Dans l’évolution des pédagogies, les médecins-éducateurs ont joué un rôle primordial en permettant une meilleure compréhension du développement de l’enfant grâce à leur réflexion sur le handicap. Ils ont travaillé avec des enfants qui avaient des difficultés et des besoins particuliers. On peut citer Montessori, Decroly ou Itard (entre-autres)

Pour Ovide Decroly, il y a des enfants “réguliers”, qui n’ont pas de difficultés particulières et des enfants « irréguliers ». C’est à l’enseignant de s’adapter à chacun. C’est un élément fort de l’école dehors : elle ne doit pas être l’école de quelques-uns mais l’école pour tous. Penser pour tous, cela veut dire aussi réfléchir autrement.

Itard va recueillir un enfant qui vient d’une forêt, qui était dans les Cévennes et il va tenter de l’éduquer. C’est une situation un peu particulière parce qu’il va essayer de l’éduquer façon “bourgeoise”, mais l’expérience est intéressante parce qu’elle montre l’éducabilité de tous. C’est à dire que finalement, tout le monde a le droit à l’éducation. Et cela montre aussi la possibilité de développer cette éducation.

A l’époque, beaucoup d’enfants sont abandonnés et livrés à eux-mêmes. Decroly commente  qu’en rentrant chez lui, il voit des enfants abandonnés, livrés à eux-mêmes, qui survivent comme ils peuvent dans des quartiers de Bruxelles. Cela occasionne chez lui beaucoup de réflexion et des prises de conscience extrêmement fortes.

Cela ne nous éloigne pas tant que ça de l’éducation dehors parce qu’ils doivent repenser la façon d’éduquer.

On peut citer également le psychologue Henri Wallon ou Piaget dont les travaux sur les différents stades de développement de l’enfant ont influencé significativement les pédagogies nouvelles.

Pédagogie alternative : la prise en compte du rythme et des besoins de l’enfant

Grâce à ces nombreux pédagogues, l’idée de partir des besoins fondamentaux de l’enfant pour construire des méthodes de pédagogie alternative a fait son chemin. Nous ne sommes plus dans une logique de transmission des savoirs de l’adulte mais plutôt dans une démarche de guidage des apprentissages de l’enfant. L’enfant est acteur de son apprentissage, on ne se contente plus de lui faire ”ingurgiter” des savoirs qu’on lui donne. Car cela permet non seulement une meilleure compréhension des concepts abordés mais aussi le développement de l’esprit logique et de l’esprit critique. La prise en compte de ses centres d’intérêts mais surtout de son rythme est fondamentale dans les pédagogies alternatives. C‘est comme cela que la sieste à l’école, par exemple, est devenue un véritable rituel présent encore aujourd’hui.

Chez Ovide Decroly, pédagogue belge de l’éducation nouvelle, intérieur et extérieur ne s’opposent pas, ils sont complémentaires. L’enfant a parfois besoin d’être assis à une table mais pour certaines disciplines l’extérieur est plus propice. C’est le cas pour les sciences, la géographie ou l’histoire mais aussi pour les mathématiques (on y pense moins, pourtant on peut faire tout le programme de mathématiques en extérieur !) Si vous avez déjà emmené des enfants pour une séance dehors, vous avez certainement pu observer qu’il s’y passe quelque chose de fort, qu’être à l’extérieur est un besoin fondamental pour l’enfant. Alors pourquoi oublierait-on ce besoin en le contraignant à rester assis pendant des heures ? On peut voir l’impact qu’ont eu les pédagogues de l’éducation nouvelle sur le système éducatif finlandais par exemple ; De nos jours, il y est interdit de laisser un enfant assis plus d’une heure et demie.

Il est important de voir que chaque enfant a sa propre singularité,  il faut donc la prendre en compte dans les apprentissages. C’est fondamental de voir que ce n’est pas un numéro, qu’il a sa propre façon de penser. On peut partir de cette singularité et de ses besoins pour mieux connaître cet individu. C’est ce que prône les pédagogies alternatives.

Une volonté d’ouverture des écoles vers l’extérieur

école ouverte sur l'extérieur

Dans les années 1920-1930, aux alentours de Paris, on peut voir l’émergence d’un mouvement très fort qui s’appelait les écoles en plein air. Ces écoles n’avaient pas exactement les caractéristiques de nos “écoles dehors” modernes mais on peut y voir une volonté d’ouverture sur l’extérieur.

Cette période est marquée par une urbanisation galopante autour de Paris, c’est l’émergence des banlieues. Une population ouvrière s’y installe et la démographie augmente. Des maires progressistes (à Puteaux ou Suresnes par exemple) se préoccupent de ces classes populaires (qui, souvent, arrivent de milieux ruraux) et aussi d’épidémies très présentes à l’époque (comme la tuberculose). Ils réfléchissent donc à repenser les espaces scolaires afin que les enfants puissent être en lien avec leur environnement. D’espaces très fermés, on passe à une ouverture vers l’extérieur avec plus de luminosité et des petits îlots destinés au travail en groupe. Ces classes sont appelées “de plein air”. On repense donc les espaces mais aussi la façon d’enseigner.

Ce mouvement très fort a existé dans toute l’Europe mais a ensuite perdu de sa force à cause de la spéculation immobilière, de la volonté de densifier l’enseignement mais aussi d’une fermeture sur les programmes scolaires, plus “livresques”. On voit donc que ce mouvement de classes de plein air n’est pas linéaire. Il y a des dissensions et des discussions au sein même des institutions et une volonté de transformer certaines choses.

Quand on pense école dehors, on ne pense pas spécialement à un espace forestier. L’idée est d’ouvrir les classes sur l’environnement direct des enfants.

On l’observe, par exemple, à Barcelone, en Espagne dans les années 1920. Notamment avec une école de la mer dans un quartier de pêcheurs extrêmement pauvres à l’époque. Ou, toujours à Barcelone,  une “école du bois” liée à une forêt proche. L’idée était là, de développer une école en lien direct avec l’espace proche. Et ça aussi c’est une des forces de ce type de pédagogie : être capable de se lier avec son espace proche. La municipalité de Barcelone a voulu encourager ce type d’initiative.

L’école dehors est donc un mouvement extrêmement ancien qui a des formes très différentes et qui se dessine selon les espaces, selon les personnes et selon les envies de chacun.

Aujourd’hui, on commence à parler d’école dehors urbaine (certains ouvrages en parlent). C’est fondamental parce qu’on a tendance à se dire que l’école en extérieur dans un milieu rural, c’est normal. Mais qu’en ville c’est très compliqué. Ce n’est pas plus compliqué mais c’est différent. L’important est toujours de faire régulier et proche de soi. Si on veut pérenniser l’école dehors, il faut travailler à poser ces éléments dans le domaine urbain.

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Pédagogie alternative et école dehors : la mise en pratique

Mise en pratique sur le terrain : l’exemple de Freinet

Célestin Freinet (1896-1966), pédagogue français, bien connu du milieu de la pédagogie alternative était instituteur; il a eu, certes, un apport majeur dans les pédagogies alternatives que nous connaissons aujourd’hui. Mais il faut tout de même garder à l’esprit qu’il est loin d’être le seul a avoir eu un impact. C’est la somme des différentes réflexions et expérimentations de beaucoup de personnes (du passé et du présent) qui construit et enrichit ce vaste mouvement. Néanmoins il est intéressant de mettre en lumière les pratiques de Freinet lorsque nous parlons d’école dehors.

Quand on parle de Freinet on l’associe souvent à la classe promenade. C’est un élément fort de sa pédagogie et il le dit lui-même :

« ça a été une planche de salut pour moi, plutôt que de somnoler devant un  tableau de lecture à la rentrée des classes de l’après-midi nous partions dans les champs qui bordaient le village, nous nous arrêtions, nous traversions la rue, on cueille, on regarde plus scolairement la feuille, l’insecte, nous la sentions avec tout notre être, pas seulement objectivement mais avec  toute notre nature et sensibilité et nous ramenions nos richesses, des fossiles, des chatons de noisetier, de l’argile ou un oiseau mort. »

C’est intéressant car on voit chez lui aussi qu’il n’y a pas d’opposition entre le dedans et le dehors. L’extérieur fait partie intégrante des moments d’apprentissage, c’est un moment fort d’observation et de recueil de différents supports pédagogiques.

L’école dehors institutionnalisé : L’apport d’Edmond Blanguernon

L’école dehors est parfois vue comme “marginale” ou “hors-système”. Or, ce n’est pas le cas. Dès le tout début du XXème siècle, Edmond Blanguernon (1876-1928), auteur de pour l’école vivante et inspecteur d’académie, souhaite développer une classe promenade et inciter ses instituteurs à sortir avec leurs élèves. Ils ne furent pas difficiles à convaincre puisque la population de l’époque était majoritairement rurale. Ils leur apparurent logique de faire expérimenter les enfants dehors. Selon Blanguernon, l’école doit être :

« de moins en moins formaliste, de moins en moins livresque » [ et on doit développer ] “les jeunes puissances d’observation, de réflexion, de raisonnement de nos élèves (…) d’une manière non seulement active mais personnelle »

Dès 1909 il met en place une réglementation en 7 points :

« Dans toutes les écoles primaires élémentaires, spéciales ou mixtes, des classes promenades auront lieu les premiers et troisièmes mercredis des mois suivants : avril, mai, juin, juillet, août, octobre.

En cas de mauvais temps, elles seront reportées d’une semaine à charge pour le maître d’en avertir son inspecteur primaire. Pendant la mauvaise saison, de courtes sorties pourront avoir lieu aux mêmes dates si le temps le permet.

Les classes promenades se feront en avril, mai, octobre, le soir, de 1h à 4h ; en juin, juillet, août, le matin, de 7 ou 8 heures à 10 heures.

La promenade se fera, le vendredi matin, l’objet d’un compte-rendu écrit, servant de composition française, qui figurera au cahier-journal et, par conséquent, au cahier de roulement. L’on pourra y joindre parfois le dessin libre d’une des choses ou d’un des sites observés”

Il est intéressant de voir que grâce à Blanguernon, dès le début du XXème siècle, le ministère de l’instruction publique parle de l’école dehors et souhaite institutionnaliser cette démarche. Le projet est ralenti par la première guerre mondiale mais finalement, en 1923, la promenade scolaire entre dans le programme scolaire.

Pédagogie alternative : le plaisir d’expérimenter

Dans ce courant de pédagogie alternative, tous les pédagogues n’étaient pas d’accord sur tout ! Mais il y a un socle commun : l’expérimentation et le plaisir. En effet, aujourd’hui cela nous semble logique, mais il y a encore cette croyance qu’apprendre demande des efforts à l’enfant. Pourtant en partant de ses centres d’intérêts pour le faire expérimenter, il est beaucoup plus simple pour l’enfant de se concentrer. En prenant du plaisir dans ses apprentissages, il désirera apprendre davantage ! Et ainsi, un cercle vertueux se met en place.

C’est ce qu’a beaucoup mis en avant Frederich Fröbel par exemple. Ce pédagogue allemand, père des biens connus “jardins d’enfants”, met au centre de sa pédagogie le plaisir du jeu et de l’expérimentation.

Des valeurs de coopération et d’entraide

Pour beaucoup de pédagogues, la coopération et l’entraide sont très importantes.

On le voit chez Decroly dans les fermes-écoles. Il y développe la coopération entre niveaux, en groupe à travers une pédagogie de projet. Les enfants doivent s’occuper du potager et des animaux. Puis vendre ce qu’ils ont produit pour acheter le grain et le fourrage. Beaucoup de disciplines sont ainsi abordées. On apprend beaucoup sur les plantes et les animaux, certes, mais on aborde aussi les mathématiques de manière concrète. On compte les œufs, on apprend à manipuler la monnaie, on évalue la quantité de grain dont on aura besoin pour nourrir les poules. Et ainsi les enfants travaillent ensemble, se responsabilisent et développent leur autonomie.

Ces valeurs sont aussi très présentes dans l’éducation libertaire. “La Ruche”, école libertaire initiée par Sébastien Faure en 1904 à Rambouillet, est inspirée de la Escuela Moderna de Francisco Ferrer (1848-1909), pédagogue espagnol libertaire. A propos de La Ruche, Sébastien Faure dira :

“Il s’agissait de réunir 40 à 50 enfants en un vaste cercle familial et de créer avec eux un milieu spécial où serait vécue, dans la mesure du possible, d’ores et déjà, bien qu’enclavée dans la Société actuelle, la vie libre et fraternelle : chacun apportant au dit cercle familial, selon son âge, ses forces et ses aptitudes, son contingent d’efforts, et chacun puisant dans le tout alimenté par la contribution commune sa quote-part de satisfactions.”

Pédagogie et école en plein, La Ruche, Rambouillet

Développer ces valeurs d’entraides et de coopération dès le plus jeune âge permet de planter les graines de la cohésion sociale pour la société de demain.

Aujourd’hui… Et demain

Aujourd’hui, l’engouement pour les pédagogies alternatives et l’école dehors est une réponse à quelques menaces actuelles.

Les défis environnementaux qui sont les nôtres et ceux des générations futures, nous poussent à intégrer la protection de l’environnement dans les apprentissages des enfants. L’école dehors est une réponse logique à ces préoccupations.

Aussi, il y a un essor de l’individualisme social dans nos sociétés occidentales ; et l’entraide et la coopération amenées par l’école dehors peuvent véritablement changer les choses pour demain.

Mais il y a encore fort à faire pour intégrer ces pédagogies nouvelles dans le système scolaire. C’est un défi actuel et il y a urgence à repenser notre système éducatif. C’est pourquoi, tous ensemble, nous devons continuer de faire connaître la démarche d’école-forêt/école dehors !

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16 Responses

  1. On a la chance d’avoir une forest school près de chez nous, mes enfants y participent avec un bonheur non dissimulé ! Et nous aussi, parents, nous profitons d’ateliers en pleine nature, c’est extrêmement ressourçant. J’espère que ces pratiques vont se démocratiser en France !

  2. Merci pour cet article très complet sur l’école dehors et les pédagogies alternatives. De mon côté j’ai eu une scolarité « classique » mais ce genre d’école plus en lien avec la nature donne vraiment envie!

  3. Je ne sais pas vraiment quoi dire, je suis tellement en colère de voir qu’après toutes ces années, toutes ces évolutions et ces pensées nouvelles, qui ne sont pourtant pas si récentes, et bien mes enfants vont toujours à la même école, rabâcher les mêmes textes, et ne sortent que très peu de la classe… A quand une vraie évolution de l’école classique ?

  4. Super article sur l’évolution historique et les acteurs/penseurs d’éducation fait à l’extérieur. C’est dommage de se rendre compte qu’en réalité ces pédagogies et méthodes d’éducation ne sont pas reconnues en tant que telles, et de la solitude que l’on ressent lors des démarches administratives de création d’écoles à pédagogies ouvertes sur l’extérieur.

    • Merci Camille !
      Effectivement, l’administratif n’est pas la partie la plus fun dans la création de ce type d’écoles.
      Je suis, moi aussi, passée par là il y a quelques années, j’ai rencontré beaucoup d’obstacles et j’ai beaucoup appris.
      Cela me permet aujourd’hui d’accompagner une centaine de personnes sur des initiatives d’écoles dehors
      et c’est un vrai bonheur de voir leurs projets prendre vie. Je ne regrette pas une seconde !
      Gardez courage ! C’est tellement magnifique à l’arrivée !
      N’hésitez surtout pas à revenir vers moi si besoin et à visiter cette page

  5. Merci pour ce très bel article plein d’enseignement ! Bravo pour l’historique détaillé des pédagogies successives et des grands acteurs qui les ont initiées. Et comme vous le soulignez, l’école dehors ce n’est pas un lieu spécifique, c’est avant tout un apprentissage dans « l’environnement direct des enfants ». Ovide Decroly disait d’ailleurs qu’enseigner, c’est « favoriser le développement intégral de toutes les facultés et d’adaptation au milieu naturel et social où l’enfant devra passer son existence ». En bref, des adultes, des citoyens heureux et confiants. Alors, l’école dehors est une évidence.

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